Le sommet du Piton de la Fournaise à la Reunion est accessible à pied par un chemin balisé au milieu des laves durcies. La palette grise est égaillée de taches de couleurs : des milliers de copeaux de plastique tendre.
Le chemin vers le bord du cratère est jalonné de points blancs. Ils guident le randonneur vers le sommet. En parallèle, des lambeaux de papier toilette suivent cette ligne. Le promeneur prudent a suivi les consignes de sécurité. Il ne s’est pas écarté à plus de 2 mètres, de peur de tomber dans des crevasses. Chaque décrochement de lave ou renfoncement a servi de lieu d’aisance. Par chance, pas de papier rose. Le papier blanc a le bon goût de se confondre avec la ligne de vie dans le paysage de lave. Cependant des couleurs surgissent.
La progression est lente. Chaque pas est minutieusement posé sur la roche acérée. Le regard balaye le sol à la recherche du bon appui, tout à coup attiré par des minuscules points de couleurs. Des oranges, roses, bleus, des verts moins souvent. De la taille d’une tête d’épingle jusque des copeaux de quelques centimètres, il y en a partout. Peut-être 20 par mètre carré. Peut être plus ..
Sont ils arrivés en une seule fois ou bien se déposent-ils chaque jour ? D’où viennent-ils ?
Prélèvement, enquête rapide et déduction hâtive. Il semble que cela soit tout simplement des copeaux de semelles de chaussures de sport, arrachés par la roche abrasive. Pour les premiers éléments, les 37 morceaux prélevés pèsent en tout 12g, soit 0,32g par copeaux. Si l’on considère un bandeau de 4m de large de part et d’autre de la ligne de vie sur les 6km du sentier principal et 20 copeaux par m2, cela représente soit 480 000 débris sur cette surface de 24000 m2. Soit 153 600g, plus de 150 kg de plastique coloré sur ce seul sentier.
Qui s’en inquiète ?